Lorsque j’ai commencé à m’intéresser au développement personnel il y a 12 ans (2010), je suis tombée sur des livres au sujet de la « pensée positive », et de la « loi de l’attraction ». Pendant plusieurs années, je me suis évertuée à repousser mes pensées dites « négatives » et à noter tout ce que je trouvais positif dans mes journées. Ma vie ne s’en est pourtant pas améliorée, bien au contraire. Pourquoi donc ? Et bien en faisant cela je muselais toutes les parties de moi qui ressentaient des émotions jugées de « négatives » dans notre société (tristesse, colère…), qui se sont alors accumulées en moi. Je n’écoutais alors même plus mes propres limites et besoins, et j’ai laissé des circonstances néfastes pour moi (situations, relations) se produire et perdurer.
Quelques années plus tard, à force d’expériences désagréables – voire très souffrantes – il m’a fallu trouver d’autres solutions pour « améliorer » ma vie. C’est au contraire en apprenant à respecter et écouter mes ressentis dits « négatifs » que j’en ai trouvé la « solution ».
Le terme « négatif » pour distinguer ces ressentis n’est pas juste. Ces émotions sont au contraire là pour notre bien (je l’explique déjà concernant l’émotion de peur dans ma précédente brève de psycho-philosophie) : elles nous indiquent quand un besoin en nous n’est pas nourri, quand une limite est dépassée, et nous permettent ainsi d’agir pour changer ce qui ne va pas et améliorer notre vie.
La « pensée positive », qui prône l’idée que nous devons rester positif, voir le positif, même quand nous ressentons une émotion « négative » (selon ce courant), nous empêche de reconnaître l’aspect bénéfique de celle-ci.
Ceci n’est qu’un n-ième moyen de mettre un couvercle et de nous déconnecter des émotions qui nous sont difficiles à ressentir, comme nous pourrions le faire avec l’alcool, la drogue, la cigarette, les jeux, les dépenses compulsives, certains troubles alimentaires, les mondes virtuels ou même le travail à outrance, etc…
Et cela nous ajoute une injonction supplémentaire à être toujours positif, nous rendant coupable et responsable des malheurs qui pourraient nous arriver (« penser négatif attire le négatif » selon ce courant), nous rajoutant un fardeau de culpabilité supplémentaire.
C’est pourtant tout l’inverse qui se produit. Si je me force à penser positif dans une situation néfaste pour moi : je risque d’être passif, de laisser faire et continuer de la subir, et d’aggraver ma souffrance. Les effets peuvent être dévastateurs : continuer de rester en relation avec quelqu’un de violent à mon égard, tolérer des situations qui altèrent notre santé, rester passif devant la souffrance d’autrui, etc…
La pensée positive est très appréciée dans notre société actuelle, où on n’apprend pas aux enfants à accueillir et écouter - avec bienveillance, compassion et considération - leurs émotions « négatives ». Les enfants sont souvent ridiculisés, punis, voire ignorés, lorsqu’ils expriment de la colère, de la tristesse, de la peur… et apprennent donc eux-mêmes à fuir ces émotions, devenant de futurs adultes mal à l’aise avec les leurs ou celles exprimées par d’autres personnes.
Ce rejet des émotions « négatives » impacte de plus la société toute entière, au niveau collectif : la société étant composée de ces individus, il en résulte des négligences devant la souffrance à la plus grande échelle !
Voilà pourquoi il faut de longues années (des dizaines voire des centaines…) pour que des situations dangereuses soient prises au sérieux après leurs premiers signalements par leurs premières victimes (par exemple : impact des polluants de toutes sortes sur la santé, impact de certains comportements abusifs et négligents sur le climat et l’environnement et la santé, violences faites aux femmes, et aux minorités, violences au sein de certaines institutions publiques ou privées, violences éducatives envers les enfants dites « ordinaires » et celles considérées « non ordinaires », émergence de maladies environnementales « nouvelles », etc… )
Ces situations pourraient être prises au sérieux et prises en charge bien plus rapidement s’il n’y avait pas ce déni et ce dénigrement de la souffrance, chaque personne impliquée dans / face à ces situations les prenant plus rapidement au sérieux et agissant de façon juste pour y remédier (que ce soit d’oser dénoncer une souffrance subie par soi ou autrui, que d’apporter de la compassion et de l’aide appropriée à une personne en souffrance.)
Il convient d’apprendre aux enfants - dès leur plus jeune âge - à prendre au sérieux leurs émotions et celles des autres, et à écouter / sentir les messages qu’elles veulent leur exprimer. Ce sont ces émotions qui renferment les solutions. Elles n’ont besoin que d’être entendues et aidées pour nous rendre la vie plus belle.
Pour terminer cette brève, je vous partage cette citation de la thérapeute et activiste Carmen cool (qui milite pour la libération des corps des injonctions qui leur sont imposées) :
"Le but de la thérapie ne devrait jamais être d'aider les gens à s'adapter à l'oppression"
En consultation je vous aide à écouter et dialoguer avec vos émotions dites « négatives », et à en faire vos meilleures alliées pour vous embellir la vie. Retrouvez toutes les informations sur la méthode Internal Family Systems que j'utilise en consultations ici, et les informations pour me contacter ici
+ Vous vous demandez comment faire lorsque quelqu'un vous partage quelque chose de "négatif" et que cela vous énerve ? Lisez ma prochaine brève de psycho-philosophie !
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