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La peur : une émotion essentielle

Il est courant dans notre société d'entendre certaines personnes, surtout dans le monde du coaching et du développement personnel, conseiller de "dépasser nos peurs", de vivre "dans l'amour, pas dans la peur", etc...


La peur est considérée par beaucoup comme une émotion qu'on ne devrait pas ressentir, dont on devrait se débarrasser.


Pourtant, la peur, comme toutes les émotions, est essentielle. C'est grâce à elle que nous prenons conscience de choses qui peuvent nous mettre en danger, et que nous passons à l'action pour nous en protéger. C'est grâce à la peur que nous restons loin du feu, du vide, et de tout danger évident.


Certaines peurs (comme celles du feu ou du vide que j'ai citées avant), nous viennent de notre héritage inter-générationnel ou trans-générationnel. Certaines connaissances indispensables à la survie des humains nous ont été transmises de façon innée - enregistrées dans nos gênes (trans-générationnel) ou par les personnes desquelles nous étions sous la responsabilité lorsque nous étions enfants - parents, encadrants scolaires, ou autres référents (inter-générationnel). Et nous en avons apprises d'autres, au cours de notre propre existence, via notre expérience ou nos apprentissages.


Mais il peut aussi nous arriver d'avoir des peurs qui ne sont pas fondées, et qui nous contraignent plutôt que de nous servir. Ces peurs peuvent nous avoir protégé.e à un moment donné, mais ne plus être bénéfiques pour nous désormais. Imaginons par exemple que, étant enfant, j'aie été moquée par mes camarades de classe après avoir osé répondre à une question d'un professeur et m'être trompée. Pour me protéger, une part de moi a pu décider à ce moment de me faire ressentir la peur de parler en public, pour m'éviter de ressentir de l'humiliation de nouveau. Étant adulte, je peux alors ressentir cette peur chaque fois que je dois prendre la parole en public, et ce même si je connais parfaitement mon sujet. Cette peur, qui m'a aidée lorsque j'étais enfant, est maintenant limitante pour moi.


Que faire dans ce cas, lorsqu'une peur me paraît être limitante plutôt que bénéfique?

Cette image montre une femme stressée avec le texte "Avez-vous peur de la peur?"

Et bien je fais l'inverse de ce que conseillent la plupart des coachs en développement personnel, ou autres personnes qui ont ce discours de "dépasser nos peur", "s'en débarrasser", etc... : je l'accueille. Je fais comme avec une peur bénéfique : je l'écoute, je lui demande pourquoi elle me protège ainsi, de quoi elle aurait besoin pour se sentir rassurée, et si la part enfant ou trans-générationnelle (héritée d'un ancêtre) qu'elle protège ainsi en moi a besoin d'être aidée (voir page "Mon approche : les grands principes de l'IFS > Les parts" pour plus de détails sur les parts de notre passé qui ont besoin d'aide, et leurs parts protectrices).


Si je la rencontre avec l'objectif de la "dépasser" ou de m'en "débarrasser", cette part protectrice se sentira jugée et ne me fera pas suffisamment confiance pour m'expliquer pourquoi elle me fait ressentir cette peur, pour me laisser rencontrer la part blessée qu'elle protège, et surtout elle ne changera pas de comportement. Alors, on peut via certaines méthodes (je pense à l'hypnose notamment, ou à la PNL), mettre un "couvercle" sur cette peur, s'en dissocier ou s'en divertir, mais il y a un fort risque qu'elle revienne ou que la part qui me protège avec cette peur trouve une autre façon de me protéger davantage contraignante, limitante voire néfaste pour moi. Et surtout, cela n'aide pas la part blessée de notre passé qui est toujours en nous avec sa souffrance, et cela peut avoir des conséquences néfastes par la suite.



Nous sommes malheureusement éduqués dans notre société à mettre un couvercle sur nos émotions, plutôt que de leur apporter de la compassion et de la présence, et écouter de quoi elles ont besoin de notre part. Je détaillerai ce sujet dans une prochaine brève.


De plus, le fait de vouloir "dépasser nos peurs" constamment peut nous empêcher de considérer avec sérieux des peurs pourtant très bénéfiques, et passer à côté de leurs messages essentiels.


Imaginons par exemple que je sois dans une relation affective avec une personne qui a un comportement que je trouve dangereux (par exemple : elle ne respecte pas les limitations de vitesse, conduit régulièrement après avoir bu, et continue malgré que je lui ai dit que cela était dérangeant pour moi). Imaginons que je ressente de la peur dans cette situation, mais que je décide de ne pas y faire attention, de me dire "oh ce n'est pas bien grave, il a l'air de maîtriser sa conduite même en ayant bu, il n'a pas bu tant que ça, il ne dépasse les limitations de vitesses que de quelques km/h, etc...". Je distrais mon cerveau avec des excuses pour minimiser la peur que je ressens. Je mets alors ma propre vie en danger, lorsque je suis en voiture avec ce partenaire. Vous imaginez bien que dans une telle situation, ma peur est complètement légitime. De plus ce partenaire n'écoute pas mes limites, et il y a un risque que ce soit pareil avec d'autres de mes limites, et que cette relation devienne toxique à mon égard.


Autre exemple : imaginons qu'à mon travail j'aie un responsable qui plusieurs fois s'est énervé sur moi sans raison, a fait preuve de violence psychologique (humiliation, rabaissement, dénigrement) sans que je puisse dialoguer de façon non-violente avec lui pour comprendre son comportement et trouver des solutions aux problèmes qu'il semble rencontrer et qui l'énervent ainsi. Il est légitime que je ressentes de la peur dans cette situation (peur de perdre mon travail, peur de re-subir son comportement destructeur, etc...). Vous imaginez bien que "dépasser mes peurs" ou me "débarrasser" d'elles n'est pas du tout la bonne solution, et que je risque en faisant cela de m'exposer à des risques pour ma santé matérielle et mentale si je n'agis pas en fonction.



J'ai lu récemment divers articles au sujet de l'"éco-anxiété", qui critiquent les personnes qui en ressentent, les accusant d'"exagérer", d'être "dépressifs", "alarmistes", ou encore d'autres articles offrant des programmes de coaching pour se débarrasser de la peur du Covid et de la mort, jugeant la peur d'être "le mal". Nous sommes ici en plein dans des situations qui demandent au contraire d'accueillir nos peurs, comprendre leurs messages essentiels et les laisser être le moteur de nos actions pour nous protéger d'un danger certain.



Alors oui, la peur peut aussi être envahissante et paralysante (lorsqu'elle devient panique, angoisse, anxiété). Mais dans ce cas, ce n'est seulement qu'en la rencontrant sans jugement qu'elle pourra s'apaiser, et se transformer en moteur d'actions. Une émotion peut s'amplifier pour attirer notre attention tant que nous n'y faisons pas pleinement attention.


La peur, lorsqu'elle est pleinement accueillie et entendue, peut en effet être un formidable et précieux moteur d'actions dans le sens de nos besoins fondamentaux, et le respect de nos limites.


Alors, qu'elle soit justifiée et bénéfique, ou limitante, une peur a toujours besoin d'être prise au sérieux, écoutée, aidée, sans jugement et sans objectif de s'en débarrasser. La méthode Internal Family Systems que j'utilise en consultations, et toute autre méthode qui aide à accueillir pleinement nos émotions, à ne pas mettre des "couvercles" dessus ni à s'en divertir, peuvent vous aider à les rencontrer.


N'hésitez pas à me contacter si vous ressentez le besoin d'être accompagné pour rencontrer, comprendre et aider vos peurs comme elles en ont besoin, via le formulaire de contact plus bas.


+ Un autre sujet sur lequel beaucoup de courants de développement personnel se trompent aussi : l'injonction à la positivité !




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